- Article publié le 13 juillet 2022
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60 | CGT des agents des collectivités territoriales du Beauvaisis : Lettre ouverte à Madame la Ministre déléguée chargée des collectivités territoriales
Madame la Ministre,
Le syndicat CGT des Territoriaux du Beauvaisis vous adresse cette lettre ouverte, qui sera distribuée, dans une version un peu plus édulcorée fin juillet à tous les agents des collectivités (Ville – CCAS – CAB et OTAB).
Nous vous adressons toutes nos félicitations pour votre nomination au poste de Ministre déléguée aux collectivités territoriales. Comme nous n’arrêtons pas de le dire, la ténacité finit toujours être récompensée.
Enfin presque et pas pour tout le monde !
Beaucoup d’agents sont tenaces, voire pugnaces et demeurent en bas de l’échelle sociale… voire sont sanctionnés ou isolés car ils ont osé parler de dysfonctionnements ou de maltraitance. Mais ce n’est qu’une question d’interprétation sans doute.
Comme tout fonctionnaire - et oui, ravis de vous compter parmi nous, pour pouvoir mieux protéger nos statuts, nos acquis, nos retraites, nos salaires, nos conditions de travail (qui sont aussi les vôtres) – vous devez avoir eu un entretien professionnel avec des objectifs à atteindre et une fiche de poste. Nous ne savons si cela vous permettra d’être éligible à l’IFSE, au CIA (à 400 euros/an au maximum) ou à l’avancement… ou si vos missions ne vous permettront aucun avancement car il parait que cela n’est possible que lorsqu’on a de nouvelles missions, même pour passer d’adjoint technique à adjoint technique de 2ème classe ou d’adjoint administratif à adjoint administratif de 2ème classe. Mais c’est peut-être aussi une question d’interprétation ou de catégorie d’emploi. L’emploi de Ministre ne répond peut-être pas à ces mêmes critères ?
Aussi nous espérons, Madame la Ministre déléguée, qu’avant votre départ :
– Vous pourrez éviter la fermeture des espaces de restauration,
– Vous pourrez voter l’augmentation des régimes indemnitaires,
– Vous pourrez éviter la mise à la retraite pour invalidité aux agents qui ont tout donnés mais qui, faute de mise en place de procédure de reclassement, n’ont pu bénéficier du PPR et se retrouvent à la retraite pour invalidité à 50 ans avec une misère pour vivre. Il est d’ailleurs étonnant de constater que des formulaires de « reclassement » soit envoyés à la caisse de dépôts alors qu’aucun emploi de reclassement n’ait été proposé aux agents concernés,
– Vous pourrez mettre fin aux souffrances des agents dans certains services et à la stigmatisation des lanceurs d’alerte,
– Vous pourrez mettre en place une politique non dirigée essentiellement vers les administratifs, des services meurent sous le poids d’une administration lourde et punitive,
– Vous pourrez mettre fin à la désorganisation du travail avec la systématisation du télétravail, les espaces partagés qui détruisent toute notion d’équipe et individualisent encore davantage un monde du travail déjà fragile,
– Vous pourrez interdire le télétravail lorsqu’on est malade, créant une iniquité entre les télétravailleurs (qui n’ont aucun jour de carence ni impact sur leur régime indemnitaire) et ceux qui sont en présentiel,
– Vous pourrez mettre fin aux protocoles abusifs qui détruisent les métiers,
– Vous pourrez découvrir un Duerp enfin finalisé,
– Vous pourrez établir une politique RH de remplacement des départs à la retraite,
– Vous pourrez arrêter la polyvalence tous azimuts, cassant toutes les expériences et compétences, rendant chaque emploi interchangeable,
– Vous pourrez proposer des avancements et des promotions avec des quotas acceptables afin que plus aucun agent ne parte à la retraite sans jamais avoir eu un avancement ou une promotion,
– Vous pourrez mettre fin à l’externalisation de certains services, bradant le service public au privé,
– Vous pourrez arrêter la contractualisation des services publics, la montée de « services publics payants »,
– Vous pourrez arrêter la course aux labels, alors que les services ne fonctionnent plus, sont en grande souffrance. A quoi sert une vitrine si ils n’y a plus personne à l’intérieur ?
– Vous pourrez remettre le dialogue social au cœur des débats avec le respect des instances consultatives, des représentants du personnel,
– Vous pourrez aussi composer un collège des représentants de la collectivité avec des élus et non des hauts cadres,
– Vous pourrez redéfinir les instances comme des lieux de concertation et non comme des chambres d’enregistrement, construites non en fonction des besoins mais en fonction des disponibilités du collège des représentants de la collectivité,
– Vous pourrez faire reconnaitre le travail des représentants du personnel en leur accordant le fait qu’ils soient rémunérés lorsqu’ils participent à des réunions hors leur temps de travail, ce qui n’est pas le cas actuellement… Ils sont le plus souvent considérés comme des « bénévoles »… Que dire des agents qui sont en horaires atypiques ou de nuit qui doivent additionner leur journée de travail à celle de leur mandat électif ?
– Vous pourrez mieux prendre en considération les agents, pas seulement en leur envoyant un courrier ou deux par an. Les agents ont besoin d’être considérés, valorisés, respectés, avec des conditions de travail acceptables. Savez-vous qu’il y a encore des services sans salle de pause, sans eau, sans électricité, sans toilettes.
– Vous pourrez mettre fin au manque d’effectifs,
– Vous pourrez mettre fin au manque de matériels adaptés,
– Vous pourrez rappeler aux « chefs » que la neutralité et la discrétion professionnelle s’appliquent à toutes et tous… Pas seulement aux agents de base…
– Vous pourrez rappeler qu’il n’y a pas d’impunité, qu’il n’y a pas d’agent protégé et que les sanctions sont identiques pour tous,
– Vous pourrez aussi rappeler qu’il est inutile de mettre en place un plan contre les violences faites aux femmes et que celui-ci demeure un document administratif sans application sur le terrain,
– Vous pourrez aussi rappeler que l’incompétence n’est pas une marque de l’agent de base, qu’il est vain de soutenir un agent incompétent et toxique, quel que soit son grade,
– Vous pourrez offrir à tous les agents, leurs ayant-droits, les retraités, une couverture sociale à la hauteur des besoins et non un panier de base indigents, et une prévoyance ne fonctionnant que dans très rares cas,
Nous espérons aussi, Madame la Ministre déléguée, qu’une fois en poste :
– Vous pourrez proposer une augmentation de nos salaires, qui, sont nombreux à devenir des travailleurs pauvres,
– Vous pourrez proposer le maintien de la retraite à 62 ans et moins pour les métiers à risque,
– Vous pourrez proposer un temps de travail prenant en compte les risques et la pénibilité,
– Vous pourrez rappeler le principe de la libre administration des collectivités,
– Vous pourrez créer une couverture sociale à la hauteur de la dégradation de l’état de santé des fonctionnaires territoriaux,
– Vous pourrez travailler à la revalorisation de nos retraites, de notre couverture sociale, de nos régimes indemnitaires,
– Vous pourrez travailler au maintien de nos statuts, de nos acquis car pas de services publics sans fonctionnaires,
– Vous pourrez mettre fin aux contrats de projet, à la précarisation des emplois et faire retrouver de l’attractivité aux services publics non par l’embauche de contractuels mais en proposant une rémunération et des conditions de travail à la hauteur des attentes,
– Vous pourrez annuler le changement d’échelon au maximum et revenir sur le minima/maxima afin que tous les agents puissent parvenir au dernier échelon sans avoir à travailler jusqu’à 67 ans…
– Vous pourrez aussi rappeler que les contre pouvoirs sont essentiels à la démocratie, qu’il faut donc arrêter de stigmatiser les représentants du personnel, que le dialogue n’est pas une obligation légale mais est l’essence même de toute démocratie.
Il nous parait essentiel de terminer en vous rappelant le montant de nos salaires (1649,01 brut pour un adjoint administratif ou technique), notre interdiction de cumul (ce qui ne semble pas le cas pour tous les emplois de fonctionnaires), notre régime indemnitaire le plus bas de toute l’Oise, le montant de nos retraites, sans aucun avantage en nature.
Ce que nous gagnons, ce n’est pas notre argent de poche. C’est pour vivre… et de plus en plus, pour SURVIVRE.
Nous espérons (car nous sommes tenaces dans l’espoir et c’est à peu près tout ce qu’il nous reste), que ce petit rappel vous fera comprendre notre détresse, mais aussi notre détermination à nous battre contre ces inégalités.
Dominique LIGNIER-BÉCART
Secrétaire Générale – syndicat CGT des territoriaux du Beauvaisis