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  • Article publié le 5 avril 2022
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UFR | Discours d’ouverture à la 13ème conférence de l’UFR par Didier Louvet, Secrétaire général

Bonjour aux camarades : délégué.es des sections ou syndicats, membres de droit de la commission sortante, invité.es et partenaires.

Merci d’avoir effectué ce long trajet pour la plupart d’entre vous afin de participer aux travaux de cette conférence, qui je l’espère, vous satisferont.

Nous voilà enfin réunis…. Après un report de 6 mois dû aux conséquences de la crise Covid, nous nous retrouvons dans ce très beau centre CCAS du Cap d’Agde.

Nous remercions toute l’équipe politique et technique pour cet accueil.

Vous comprendrez qu’il m’est difficile d’ouvrir cette conférence sans un retour appuyé sur des moments clés qui ont ponctué et impacté notre mandat qui s’achève et sur le contexte pour le moins très particulier dans lequel il s’est déroulé et qui perdure encore. J’effleurerai à peine le bilan que mon camarade détaillera en fin de matinée, pas davantage sur notre implication et les enjeux de la campagne pour les élections de la CNRACL, et rien sur le contenu des débats revendicatifs et organisationnels qui ponctueront cette conférence.

Les conditions sanitaires allégées, nous permettrons de travailler dans de bonnes conditions.

Soyons néanmoins prudents,… la covid-19 va nous pourrir la vie durablement. Élections présidentielles ou pas, environ 150 vies sont encore emportées chaque jour. Le plus souvent se sont des séniors. Ayons une pensée pour eux et leurs familles.
Les aîné.es ont payé un lourd tribu pour que de grands actionnaires se versent d’énormes dividendes. Les milliardaires n’ont jamais été aussi riches, ni aussi nombreux.

Le parfait contraire est vrai aussi en ce qui concerne les pauvres : chercher l’erreur !
Les PDG des grands laboratoires médicaux sont entrés dans les plus grandes fortunes mondiales.

Les croques-morts croquent l’or car pour la première fois depuis 1946, l’espérance de vie a diminué officiellement.

Ce ne sont que quelques ‘boomers’ en moins sur terre et qui devaient s’en aller de toute façon pour d’autres cieux justifieront quelques couillons. Les séniors décédés dans l’isolement et la détresse au domicile pendant le confinement ou ceux résidents dans certains EHPAD privés ou publics qui se sont éteints dans l’indifférence sur leurs conditions inhumaines n’étaient pas de cet avis. La sélection médicale des lits de réanimation pour les plus jeunes, peut se comprendre en cas de catastrophe, mais pas pour des choix politiques et économiques dans le pays le 5ème plus riche du monde et qui a versé sans compter, ni contraintes, ni contrôles des mannes d’euros aux entreprises qui ont engraissé leurs actionnaires. La fermeture de lits, y compris en réanimation s’est poursuivie pendant la pandémie.

Des comptes doivent être réglés avec les menteurs ! Nous n’en avons pas fini avec eux.

Mais la covid-19 n’a pas été la seule à nous bousculer, l’actualité politique et sociale ne nous aura pas laissé de répit. Le mot crise a occupé la Une chaque jour.
Ce mandat, d’une durée de 4ans et demi, a débuté le 13 octobre 2017, quelques mois à peine après le hold-up électoral de Macron.

Celui-ci, accompagné du haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye voulait casser notre système de retraite et nous a plongé dans une bataille contre cette réforme des retraites. Pour rappel, le haut commissaire, présenté comme une référence de droiture et d’honnêteté par les médias de Bolloré et d’Arnault, a dû démissionner et fut condamné avec beaucoup d’indulgence, presque autant que Benalla, pour « abus de confiance » et « abus de biens sociaux »…. .

Quand je parlais de braquage, ce gouvernement ressemble davantage à une association de malfaiteurs, qu’à un club de bienfaiteurs. Avec Sarkozy, si tu n’ avais pas ta Rolex à 40 ans, tu avais raté ta vie, avec Macron , c’est si tu n as pas ton bracelet électronique !

Dès septembre 2017 et durant plus de 2 ans et demi, l’UFR se mettra au service de toute la CGT pour informer, former et combattre le projet de système universel de retraite par points. Nous pensons avoir contribué, au mieux de ce que nous pouvions faire, à la montée du rapport de force qui deviendra une bataille acharnée entre fin 2019 et février 2020.

Empêtré dans sa réforme, devenu incompris et minoritaire dans l’opinion publique, Macron suspend son projet sous prétexte de l’épidémie de covid 19.

Il s’agit bien pour lui d’un revers.

Cette loi est définitivement abandonnée. Nous n’avons pas si souvent des victoires de cette envergure, alors savourons la !

Mais ne soyons pas naïfs pour autant, une autre bataille pour défendre nos retraites se profile déjà … car un second braquage de l’élection n’est malheureusement pas à exclure.

Dans la même période, le mouvement inédit, rare et long des gilets jaunes voit le jour pour combattre la hausse des prix et particulièrement celui du carburant et de
toutes les énergies.

Les gilets jaunes, avec des profils sociaux et politiques très différents squattent les ronds points des semaines durant, par tous les temps. Nous ne faisons pas l’amalgame entre les black-blocs, les fanatiques d’extrême droite et le peuple usé et désabusé qui souhaitait se faire entendre, rappeler qu’ils existent.

Leur mouvement sera durement réprimé, des violations des droits civils et individuels sont perpétrés. De nombreuses victimes innocentes sont recensées et parmi elles, de nombreuses personnes âgées qui protestaient pour obtenir de meilleures conditions de vie, le maintien du Service Public, la défense de la Protection Sociale.

De nombreux camarades CGT participeront à l’occupation de la rue et aux manifestations, même si la convergence des luttes avec notre organisation ne verra pas le jour.

Ce mouvement laisse des traces dans les prises de conscience et appelle à la réappropriation de la politique par le peuple.

Depuis plus d’un mois, c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui tient le monde en haleine.

La guerre sème son cortège d’horreurs sur notre continent. Ce sont toujours les plus pauvres qui paieront la note et c’est cela qui nous écœure.

Peu importe les nationalités, un conflit peut en cacher un autre, mais une victime reste une victime, qu’elle soit ukrainienne, russe, palestinienne ou yéménite.

Depuis toujours, ce sont les riches dirigeants qui ont prévu et organisé les confrontations. Ce seront les mêmes qui en tireront profits. Les américains nous livrent déjà leur gaz de schiste récupéré par fragmentation grâce à d’immenses méthaniers qui traversent l’océan.

Pensée pour Jean Ferrat qui fredonnait dans « restera t-il un chant d’oiseau » :
《 Que restera-t-il sur la terre On empoisonne les rivières Les océans On mange des hydrocarbures Que sais-je encore Pour les enfants des temps nouveaux Restera-t-il un chant d’oiseau 》.

Les marchands d’armes passent à la caisse et espèrent que le conflit dure.
Des millions de réfugiés sont en exode en Europe, nombreux arrivent en France et jusqu’à nos portes dans ce centre CCAS, parfois même dans nos maisons si nous avons ouvert nos portes.

Mais des réfugiés peuvent en cacher des autres.

Je condamne l’instrumentalisation politique des réfugiés Ukrainiens par nos gouvernements occidentaux pour nous sensibiliser et nous faire adhérer à leurs souhaits expansionnistes et hégémoniques d’une ‘global planet’ capitaliste, Otanienne, Jeff Bezosienne.

Des milliers de Syriens, Libyens, Maliens, Palestiniens croupissent dans des camps de réfugiés derrière des barbelés. Victimes de conflits orchestrés toujours par les mêmes puissances et pour les mêmes objectifs, ils n’intéressent personne politiquement.

Que dire de la liberté des peuples à être souverains chez eux quand les cubains souffrent de l’embargo américain depuis 70 ans car ils ont osé refuser d’être le bordel des yankees. Que dire du mensonge d’état de Margareth Thatcher à la veille de ses élections pour déclarer la guerre des Malouines et des discours de George Bush pour assurer sa propre réélection avec la guerre en Irak.

Pas plus les catalans, que les écossais ne sont libres de choisir leurs destins.
Quand le sage nous montre du doigt la lune, l’imbécile regarde le doigt. Nous prennent-ils tous pour des imbéciles ?

Il est toujours hasardeux d’utiliser les adverbes jamais et toujours, mais admettons que rarement mandat n’aura été autant impacté par de tels événements.

Nous ne pouvons pas envisager l’avenir sans regard sur le passé et tirer le meilleur de l’expérience acquise.

Maintenant, voilà : il y a le constat du passé , nous vivons l’actualité et nous craignons de futurs sinistres projets.

C’est pour les défier que nous sommes réunis.
Avons nous envie de laisser faire ? …

Pas un seul instant et en aucun point !

Alors, avons-nous l’organisation efficace et nécessaire pour nous s’y opposer ? Même en étant très optimistes, nous répondrions : ben… pas tout à fait !

Alors que faisons nous ? Allons nous nous contenter d’une syndicalisation qui progresse encore mais qui est si loin de ce qui est indispensable pour donner du sens au rapport de force ? Ce serait entériner des déconvenues.

Retraité.es de la Fonction Publique, mettons nous tout en œuvre pour militer en convergence avec les autres retraité.es de nos propres collectivités, de ceux et celles des multiprofessionnelles, avec les actifs, sur les enjeux sociétaux et professionnels ?

Non !

Et sans reproche formulé, nous sommes très loin, trop loin des convergences et de la construction des solidarités intergénérationnelles et interprofessionnelles.
Posons la question et prenons des décisions en conséquences :

Avons-nous l’organisation syndicale CGT, confédérale et fédérale, adaptée pour encourager, attirer, motiver nos troupes pour passer à un stade supérieur ?

Bien sûr que la réponse est négative due à une responsabilité quasi générale. Une CGT souvent ankylosée dans ses lourdeurs et ses raideurs solidement défendues par quelques gardiens du temples indéboulonnables, marchands du temple serait une expression qui conviendrait mieux à certains, qui protègent leurs acquis en freinant toute évolution.

Quelques exemples sont significatifs :
  Carte syndicale permanente promise depuis 25 ans et toujours en projet,
  Nouvelles versions de Cogitiel et Cogetise toujours à venir,
  Reconnaissance que chaque retraité compte réellement pour une voix toujours pas vraiment admise et il suffit de voir le mandatement des congrès confédéraux pour le constater,
  Etc…

La confédération a inscrit dans ces orientations en 1967 que chaque syndicat devait mettre en place en son sein une section de retraité.es.

Où en sommes-nous ?

8 nouveaux pensionnés sur 10 quittent l’organisation lors de leur passage en retraite.

L’analyse de cette situation souligne de multiples raisons : nous y trouvons des syndicats qui ne proposent tout simplement pas la syndicalisation aux futurs retraités, d’autres se débarrassent de leurs anciens comme de fardeaux, la plupart des syndicats n’ont pas de sections pour rassembler les nouveaux retraités, d’autres gardent carrément retraités en comptabilisation dans les syndiqués actifs…ça doit leur donner plus de muscles et aussi masquer leurs propres insuffisances.

Il n’y a parfois pas de structuration interprofessionnelle locale, voire de proximité pour les accueillir et pallier aux manques des syndicats.

Ne minimisons pas le rôle des multiprofessionnelles très important, mais celles-ci ne sont pas la réponse parfaite en tous lieux et toutes circonstances.

Parfois elles n’existent pas dans certains territoires, dans d’autres cas elles sont à bout de souffle et sont maintenues sous perfusion syndicale par quelques militants et financièrement par les cotisations des isolés, parfois elles sont composées d’un berceau mono professionnel ou corporatiste ne répondant pas aux aspirations de nos camarades. Les analyses des tableaux de l’organisation sur les multiprofessionnelles montrent l’extrême perméabilité de la syndicalisation des retraité.es et concluent que cette solution est parfois bonne mais pas toujours. Par contre, nous avons notre responsabilité pour nous y investir et les renforcer.

Nous devons donc proposer d’autres solutions compatibles avec nos statuts fédéraux, nos décisions de congrès, mais surtout avec ,les réalités locales si différentes d’un département à l’autre, d’un bassin d’emplois à celui voisin, etc…

Nos multiples réunions-débats en région dans le cadre de la préparation de cette conférence, ont été riches d’expérience, de témoignages et mis en évidence plus encore que nous le pensions, l’émiettement culturel, professionnel, sociologique de notre champ professionnel.

Notre réponse doit être adaptée à cette situation. Les solutions doivent être multiples, souples, en phase avec chaque problématique.

Il faut déjà partir du principe que tous les nouveaux pensionnés doit trouver une structure proche et fédérale. Que le choix reste au syndiqué entre le lieu d’adhésion et de privilégier la section syndicale pro ou multipro.

Les retraités ne dépendent plus de l’employeur et gagnent la liberté du choix de militer où ils se sentent le mieux.

Alors, au cas par cas, dans notre fédération il y a, des coordinations syndicales départementales qui tentent de regrouper les syndiqués isolés sur les bases les plus structurées : ces bases doivent systématiquement inclure une section de retraité.es dans leur structuration et leurs statuts. Une désignation d’une équipe d’animation de cette section doit être engagée.

Cela se transpose dans d’autres départements où le syndicat des isolés est incontournable. Nous insistons sur la qualité de vie syndicale dans ces sections et sur l’identification des adhérents et animateurs de section. La démarche reste la même.

Dans tous les cas départementaux, une coordination des sections de retraité.es au niveau des CSD doit être incluse, sur décision fédérale dans les statuts des CSD . Les référents de l’UFR seront membres d’office du collectif d’animation des CSD et de cette coordination. D’autres camarades peuvent en assurer l’animation.

En aucun cas, il ne peut y avoir des syndiqué.es retraité.es déclarés en actifs. Cette option n’est pas confédérale. Elle est de plus dommageable pour tous en faussant la réalité de notre CGT.

Nous devons faire ces propositions dans un premier temps à notre fédération qui mesurent les enjeux du syndicalisme des retraités mais dont les statuts et orientations ne favorisent pas suffisamment la syndicalisation des séniors.

Nous devons ensuite accentuer notre démarche sur les périmètres de syndicalisation et sur le travail croisé avec toutes les structures et organes de la CGT. Nous ne devons pas être concurrents mais complémentaires et s’enrichir du travail mutuel.

Notre secrétaire générale, Natacha Pommet, convaincue, tout comme une majorité de la direction fédérale de ces enjeux, évoquera ces problématiques et les pistes de progrès envisageables immédiatement au sein de notre champ professionnel et je la remercie de sa disponibilité et de son soutien..

Nous ne règlerons pas tout sur 3 jours, soyons juste réalistes. Mais nous pouvons élargir notre voie, ouvrir d’autres voies et être porteurs de propositions à débattre et à concrétiser lors du futur congrès confédéral et fédéral.

Débattre et faire des constats est utile. Sans donner de suites à ces discussions, sans prises de décisions réellement mises en pratiques, cela ne sert à rien et ne justifierait pas cet événement, ces tracas de préparations, son coût, ni le temps que vous y consacrez.

Je souhaite donc, que nous partagions l’objectif clair, d’une volonté partagée par l’UFR et notre Fédération pour bouger les lignes et offrir de nouvelles perspectives dans la syndicalisation, la construction des revendications et l’élévation du niveau de lutte.

Je vous propose de transformer nos travaux en motions positives et offensives qui devraient être intégrer dans les décisions fédérales et confédérales.

Les revendications indispensables contre les injustices et pour le progrès social sont les enjeux principaux qui nous motivent. Des thèmes leurs seront consacrés en débats interactifs et vos contributions seront précieuses. Nous y évoquerons des sujets tels que les retraités dans la société, mais aussi au sein de la CGT, les pouvoirs d’achats et la capacité qui nous reste à agir sur nos propres choix de vie. La protection sociale dans toutes ses composantes fera également partie de nos thèmes importants et nous tenterons de répondre collectivement lors de cette conférence.

Le fil rouge de futur mandat devrait être la continuité syndicale et la qualité de vie syndicale au service des luttes. Il sera conduit par une nouvelle direction qui aura à cœur de mettre en œuvre le document d’orientation additif au document fédéral qui sera approuvé par les délégués.

Je soumets ces quelques coups de gueule, ces déceptions et espérances, à vos analyses et contributions et vous souhaitent de bons travaux de conférence.

Documents joints

1 discours_d_ouverture_5_avril_2022 pdf



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