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  • Article publié le 6 novembre 2024
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54 I Syndicat CGT des territoriaux de Longwy : justice pour Mélissa

Communiqué : justice pour Mélissa
Depuis le décès tragique de Mélissa, auxiliaire de puériculture, militante dévouée, amie et collègue précieuse, une douleur immense nous habite tous. Sa disparition brutale est un choc pour sa famille, ses deux jeunes enfants, ses collègues et ses camarades de la CGT Territoriaux. Mélissa incarnait les valeurs de bienveillance et d’engagement. Elle a consacré sa vie professionnelle au service des plus jeunes et s’est toujours battue avec courage pour défendre les droits et la dignité de ses collègues.

Pourquoi cette mobilisation ?
La collectivité refuse de reconnaître l’imputabilité au service du suicide de Mélissa, survenu le 19 mai 2024. Nous avons présenté, en présence de la famille et de leur avocat, des éléments clairs et indiscutables sur les circonstances de sa souffrance au travail. L’absence de mesures de prévention des risques psychosociaux, pourtant exigées depuis 2014, l’inaction après des signalements répétés, les événements du 21 juin 2023 et les propos humiliants lors du conseil municipal de la honte en octobre 2023... tous ces éléments ont lourdement pesé sur Mélissa.
Cette reconnaissance est essentielle pour honorer sa mémoire et épargner à sa famille la douleur et l’injustice d’une bataille judiciaire. Il est impensable de laisser cette blessure ouverte. Nous, ses collègues, refusons que cette souffrance reste ignorée. La reconnaissance de son geste comme imputable au service est une question de dignité et de respect envers elle, sa famille, et nous tous.

Nos revendications :
 La reconnaissance en accident de service du décès de Mélissa.
 La mise en place d’un plan de prévention des risques psychosociaux, en conformité avec la circulaire du 25 juillet 2014, pour garantir un environnement de travail sain et respectueux à tous les agents de la collectivité.

Nous ne voulons plus de souffrance au travail ! Depuis 2014, nous avons alerté la collectivité sur des conditions de travail insoutenables. Trop de signaux d’alerte ont été ignorés. Trop d’agents en souffrance sont restés sans soutien. Trop de propos blessants ont aggravé la détresse des agents.

Le 5 novembre 2024 à 12h, mobilisons-nous devant la Maison de la Petite Enfance. Ensemble, faisons entendre notre appel à la justice pour Mélissa et pour des conditions de travail dignes et respectueuses.

Un préavis de grève couvre l’ensemble des personnels de la maison de la petite enfance.
Ne laissons pas cette tragédie être oubliée. Pour Mélissa, pour sa famille, pour nous tous.

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Lettre ouverte au maire de Longwy

Objet : Demande de reconnaissance de l’imputabilité au service du suicide de Madame Mélissa M

Monsieur le Maire,
Par cette lettre ouverte, la CGT Territoriaux de la Mairie de Longwy tient à exprimer publiquement son soutien à la famille, aux proches et aux collègues de Mélissa M, agente de notre collectivité, décédée dans des circonstances tragiques qui soulignent de graves manquements dans la gestion du travail au sein de notre collectivité. Ce drame, profondément marquant pour tous les agents de la mairie, est avant tout une perte humaine qui nous touche au plus profond.

Au-delà des mots, nous pensons tout particulièrement à ses deux jeunes enfants, âgés de 6 et 7 ans, qui ne prendront plus jamais leur maman dans leurs bras. Ces enfants, privés de l’amour, de la protection et de la présence irremplaçable de leur mère, porteront ce deuil injuste et incompréhensible toute leur vie. Mélissa, auxiliaire de puériculture et représentante du personnel, qui s’est battue pour ses collègues et pour la dignité de chacun, a perdu la vie à cause d’un environnement de travail qui n’a pas su la protéger.

Les éléments justifiant la reconnaissance de l’imputabilité au service de ce drame sont nombreux et incontestables. En effet, la dégradation de la santé mentale de Melissa n’a pas eu lieu en l’absence de signaux d’alerte, mais dans un contexte marqué par des conditions de travail éprouvantes et un manque de soutien flagrant après son accident de travail du 21 juin 2023.

Motifs de la demande de reconnaissance
1. Absence de Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels DUERP) :
La réglementation en vigueur impose à chaque employeur public de tenir un DUERP afin de recenser les risques auxquels sont exposés les agents et de planifier les mesures de prévention nécessaires. À ce jour, la collectivité n’a toujours pas établi ce document, malgré son caractère obligatoire. Cette absence de DUERP est un manquement grave qui prive les agents, y compris Melissa, d’une protection minimale face aux risques psychosociaux dans leur environnement de travail.

2. Défaut de suivi de l’accident de travail de Melissa :
Après son accident de travail en juin 2023, aucune mesure de suivi ni de soutien spécifique n’a été mise en place pour aider Melissa à se rétablir et à retrouver des conditions de travail sereines. L’article 65 du décret n° 2021-571 prévoit un suivi particulier et un accompagnement des agents ayant subi un accident de travail ; cependant, ces obligations n’ont pas été respectées, laissant Melissa dans une situation de vulnérabilité accrue. Cette absence de suivi a eu des effets néfastes sur sa santé mentale, contribuant à la dégradation de son état psychologique.

3. Signalements ignorés malgré des alertes répétées :
À plusieurs reprises, des collègues et même des responsables ont alerté la hiérarchie sur l’état de souffrance de Melissa. Ces signalements auraient dû déclencher une réponse rapide et adaptée, mais sont malheureusement restés sans suite, témoignant d’un défaut de prise en charge grave et d’un manque de réactivité face à une situation de danger imminent.

4. Climat de violence et de mépris envers les représentants du personnel :
En octobre 2023, lors de ce que nous appelons aujourd’hui le « conseil municipal de la honte », la violence des propos tenus envers les représentants du personnel a été d’une extrême brutalité. Ces comportements inacceptables ont fortement marqué Melissa, ainsi que d’autres agents, aggravant son sentiment de mal-être dans un environnement professionnel déjà difficile. De tels échanges témoignent d’un manque de respect pour le personnel municipal et pour les agents qui représentent leurs collègues et s’engagent pour le bien commun.

Il est important de rappeler que, sous la précédente administration, le dialogue social a été caractérisé par un mépris constant envers les représentants du personnel. Les réunions d’instance, moments où devraient prévaloir l’écoute et la concertation, ont souvent été des occasions pour l’ancien maire d’afficher un comportement de condescendance et de rejet envers notre syndicat, ignorant systématiquement les signalements de souffrance et les appels à la prévention. Ce climat de dédain et de mépris, répété et institutionnalisé, a accentué la détérioration des conditions de travail et a contribué au sentiment d’impuissance d’un grand nombre d’entre nous.

Nous posons aujourd’hui une question simple : Pourquoi l’ancien maire, toujours membre de la majorité municipale, n’a-t-il jamais mis en œuvre un plan de prévention des risques psychosociaux, pourtant obligatoire ? Depuis 2014, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur la souffrance au travail dans notre collectivité. En septembre 2023, dans le Républicain Lorrain, nous avions exposé ces situations difficiles, mais l’ancien maire nous a alors accusés de "bordéliser la ville" et de mener une "chasse à l’homme". Ce comportement irresponsable et ces paroles blessantes ont aggravé la détresse des agents.

En outre, avant son geste, Melissa a laissé un écrit où elle exprimait explicitement le lien entre son mal-être et ses conditions de travail. Ce témoignage ne peut être ignoré et doit être pris en compte comme preuve directe de l’impact négatif de son environnement professionnel sur sa santé.
En reconnaissant l’imputabilité au service de ce drame, la mairie de Longwy peut non seulement rendre justice à Melissa, mais également démontrer son engagement à protéger tous ses agents, à instaurer des conditions de travail dignes et respectueuses, et à ne plus jamais permettre que des circonstances similaires se reproduisent.

Monsieur le Maire, il est de votre responsabilité de rompre avec l’héritage managérial de l’ancienne administration et de faire de la santé, de la sécurité et du respect des agents une priorité. Nous espérons que vous saurez démontrer une véritable volonté de changement en reconnaissant l’imputabilité au service du décès de Melissa.

Cette reconnaissance serait un hommage à sa mémoire, un engagement envers ses enfants, et un pas vers un environnement de travail fondé sur le respect, la prévention, et le soutien.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression
de nos salutations distinguées.

LA CGT Territoriaux Mairie de Longwy



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