- Article publié le 14 avril 2021
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FDSP-CGT | Lettre aux syndicats de la fédération éditée suite aux débats et décision de la CEF du 8 avril 2021
Seul le rapport de force…
La période exceptionnelle que nous traversons, pèse sur nous, pèse sur le mouvement syndical. La pandémie de COVID 19 inquiète. Elle a fait, et fait des ravages. Conséquence directe de la situation, beaucoup parmi les plus jeunes, sont dans un état psychologique effroyable.
Au nom de la lutte contre la pandémie, les mesures prises contre les libertés démocratiques et syndicales (remise en cause du droit de se réunir, fichage des militants et des opinions, laisser-passer obligatoires, interdiction du moindre loisir, fermeture des lieux de vie et de culture…) sont totalement inédites en temps de paix. Mais l’état d’urgence sanitaire sert-il à lutter contre la pandémie ? L’état d’urgence sanitaire interdit-il la fermeture des lits dans les hôpitaux, impose-t-il le respect du statut et des conditions de travail des agents publics placés en première ligne dans la période ?
Il ne sera sans doute jamais possible de mesurer quels auraient été les effets de la pandémie avec 100 000 lits en plus dans les hôpitaux (nombre de lits fermés en 40 ans), et des dizaines de milliers de professionnels de la santé supplémentaires, avec des capacités d’accueil et de soins décuplés dans les EHPAD.
Aucune pandémie n’est responsable de la fermeture de dizaines de milliers de lits, d’hôpitaux entiers depuis des décennies ; aucune pandémie n’est responsable des déserts médicaux, des effectifs insuffisants pour répondre aux besoins sociaux qui s’expriment dans nos collectivités. Aucune pandémie n’est responsable des fermetures de services, du gel du point d’indice, de la dégradation des accueils du public… Aujourd’hui ce n’est pas contre la pandémie que le gouvernement prend les mesures les plus strictes, mais contre les hôpitaux, contre la jeunesse, contre les agents… Et il faudrait confiner l’activité syndicale ?
La place essentielle des agent.es territoriaux n’est plus à démontrer…
Dès le début, les agent.es territoriaux ont été mis à rude épreuve pour assurer, dans des conditions particulièrement dégradées la continuité des services publics essentiels à l’immense majorité de la population. Il a fallu nous battre, déposer des préavis, menacer de faire grève, faire grève, pour obtenir les protections, pour réunir nos CHSCT… Dans le même temps, le gouvernement mettait en place ce régime d’exception contre les droits démocratiques et les libertés syndicales, tout en poursuivant l’élaboration de ses plans contre les statuts et nos services publics.
…et pourtant nous sommes méprisé.es…
Dans les collectivités, outre l’offensive globale pour l’augmentation du temps de travail, c’est le recours aux contractuels qui va se généraliser, le droit de grève dans plusieurs secteurs qui est remis en cause, nos instances paritaires qui sont menacées, le management autoritaire qui devient la norme. Par tous les moyens il s’agit de baisser la masse salariale, réduire ce qu’ils appellent « le coût du travail ». Il faut ajouter aux conséquences de la loi dite de transformation de la fonction publique la perspective de la loi 4 D (décentralisation, différenciation, déconcentration, décomplexification) qui remet en cause violemment toute l’architecture républicaine démocratique issue de la Révolution française, avec laquelle on voudrait nous vendre plus de proximité… en liquidant les services publics.
Malgré cela, ou plutôt à cause de cela, dans de nombreux secteurs, les luttes, mobilisations, grèves, initiatives se succèdent. Contre l’augmentation du temps de travail et le vol des congés, des mobilisations de grande ampleur ont lieu dans plusieurs collectivités. « Du jamais vu » entend-on souvent. Face à des pouvoirs publics qui utilisent sans vergogne la situation pour remettre en cause nos conditions de travail, qui ne renoncent pas – bien au contraire – à nous voler des jours de congés c’est l’écœurement, l’indignation et la colère. Déjà dans plusieurs collectivités des élus ont indiqué qu’ils refusaient d’appliquer la mesure scélérate du vol des congés. Face à la mobilisation et à nos arguments des élus ont décidé de reporter d’un an la mise en application du vol des congés. S’ils le font c’est bien parce qu’ils doutent, parce que nos arguments portent mais surtout parce que la résistance des agents dépasse toutes leurs prévisions. Oui on peut les faire reculer. Oui il est possible partout où le temps de travail a déjà été porté à 1607 heures d’en obtenir la diminution, notamment en mettant en avant les sujétions particulières… Oui il est possible de les faire reculer, mais à la condition de laisser s’exprimer la colère et l’indignation qui montent, et de permettre l’expression du rapport de force nécessaire.
Une des spécificités de notre champ syndical est d’avoir des employeurs politiques et de dépendre des calendriers locaux des assemblées délibérantes. Les syndicats programment des actions en fonction des dates des conseils, des CT, d’initiatives locales. Des syndicats qui partent en lutte sur des mêmes revendications peuvent gagner ici et perdre là. Par leur lutte, leur appel à la mobilisation, ils montrent que l’on peut résister, et parfois gagner. Mais c’est bien l’addition de toutes les mobilisations locales affirmant la responsabilité des employeurs locaux, qui est en capacité de faire reculer le gouvernement sur des mesures nationales. Cette question intègre bien entendu la mobilisation de la petite enfance contre la réforme Taquet, le combat des oublié.es du Ségur, des assistant.es familiales pour leur reconnaissance, des mobilisations dans les secteurs « privés » de la fédération...
C’est pour aider à construire ce mouvement que la fédération a invité les fédérations syndicales de la fonction publique territoriale à se réunir et débattre pour, partant du soutien à toutes les luttes en cours, proposer des actions communes contre la loi de transformation et pour faire échec au projet de loi 4D. Une première réunion intersyndicale (avec FO, la FSU, SUD, la FAFPT) a eu lieu le 7 avril. Chaque organisation a indiqué que la discussion sera menée dans ses instances et nous nous reverrons le 28 avril pour décider.
Afin d’affiner nos arguments, d’aider partout la mobilisation contre la loi de transformation, pour nos revendications (notamment la campagne des 10%) à prendre de l’ampleur, la fédération a décidé de mettre en place un groupe de travail constitué de syndicats aujourd’hui investis dans la lutte, pour aider celle-ci à s’élargir le plus possible.
– Pour la levée immédiate de l’état d’urgence qui n’a de sanitaire que le nom,
– Contre la loi sécurité globale et celle sur le séparatisme,
– Pour la défense des libertés syndicales, pour le respect de la liberté d’opinion et du droit de se réunir,
– Pour la réouverture de tous les lieux de culture et le recrutement massif de personnel permettant de mettre en oeuvre les mesures de sécurité,
– Pour l’abrogation de la loi dite de transformation de la fonction publique,
– Pour le soutien à toutes les luttes en cours !
Réunissons nous, discutons, décidons.
Lettre éditée par la permanence fédérale suite aux débats et décision de la CEF du 8 avril 2021