- Article publié le 17 février 2021
- /
- 120 visites
CGT | La politique de vaccination d’Israël révèle de multiples violations des droits des Palestiniens
Note de l’Espace International
Afrique du Nord & Moyen-Orient
L’Association France Palestine Solidarité (AFPS), partenaire de longue date de la CGT dans sa lutte pour la défense de la Palestine et des Palestiniens a récemment communiqué des informations qui éclairent d’un jour différent l’information répétée en boucle sur de nombreux médias en France, vantant les mérites d’Israël, premier pays à atteindre une couverture vaccinale de près de la moitié de sa population. Mais qui bénéficie exactement de cette campagne de vaccination ?
Depuis des jours, Israël est présenté comme un modèle en matière de taux de vaccination de sa population contre le Covid-19. À de rares exceptions près, la réalité de cette politique de vaccination n’est pas détaillée. De plus, le statut de « puissance occupante » de cet État n’est que très rarement abordé.
On ne peut pourtant pas ignorer qu’Israël est depuis 1967 selon le droit international une puissance occupante, et doit par conséquent remplir les obligations définies par la quatrième Convention de Genève.
Comme le rappelle un appel initié par 24 organisations palestiniennes et israéliennes, « l’article 56 de la quatrième Convention de Genève prévoit expressément que l’occupant a le devoir de veiller à la santé publique dans le territoire occupé, " notamment en adoptant et en appliquant les mesures prophylactiques et préventives nécessaires pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies". Ce devoir comprend le soutien à l’achat et à la distribution de vaccins à la population palestinienne sous son contrôle. "
Des déclarations du ministre israélien de la sécurité publique, Amir Ohana, le 24 décembre 2020, qui donnaient instruction aux services compétents de ne pas vacciner les « prisonniers de sécurité », visaient de fait les prisonniers politiques palestiniens. Elles contredisaient les règles de priorité dans l’ordre de vaccination qui incluent en particulier les personnes âgées de plus de 60 ans. Les mauvaises conditions de santé de ces prisonniers auraient dû en faire des personnes à vacciner prioritairement. Les prisonniers palestiniens ont fini par pouvoir être vaccinés, mais il a fallu que ce soit porté devant les tribunaux.
À Jérusalem-Est, territoire palestinien occupé et annexé illégalement par Israël, trois centres de vaccination ont été ouverts et les Palestiniens titulaires d’un permis de résidence peuvent s’y rendre. Cependant plusieurs centaines de milliers de Palestiniens de Jérusalem vivent reclus de l’autre côté du mur de séparation. Ces quartiers ne bénéficient d’aucun service public et leurs habitants sont de facto dans l’impossibilité de recevoir le vaccin.
Dans le même temps, en territoire palestinien occupé, les colons qui vivent illégalement sur les terres volées aux Palestiniens bénéficient de la campagne de vaccination israélienne.
En ce qui concerne la Cisjordanie et la Bande de Gaza, territoires également occupés, aucune campagne de vaccination n’est engagée et une hypothétique campagne de vaccination est tributaire de l’aide internationale dans un avenir indéterminé.
L’appel déjà cité ci-dessus le rappelle avec force : Israël doit fournir les vaccins nécessaires aux systèmes de soins de santé pour les palestiniens dans les territoires occupés.
Le ministère israélien de la Santé n’a pas encore présenté publiquement de politique d’attribution qui prévoit de réserver des quantités spécifiques pour les Palestiniens dans le Territoire palestinien occupé (TPO), ni établi un calendrier pour le transfert de ces vaccins.
Des informations ont été diffusées par les médias selon lesquelles le vaccin mis au point par la Russie sera livré à l’Autorité palestinienne (AP). L’AP n’a pas complètement indiqué quels vaccins elle entend acheter et distribuer, mais elle a clairement indiqué qu’elle ne dispose pas de capacités et de fonds suffisants pour acheter les vaccins nécessaires.
Lorsque les pénuries budgétaires résultant des restrictions à long terme imposées par l’occupation et le blocus limitent la capacité de l’Autorité palestinienne à acheter et à distribuer des vaccins, les autorités israéliennes doivent fournir les fonds nécessaires, en accord avec leurs obligations légales. Ainsi, les autorités israéliennes ne doivent pas déduire le coût des vaccins des recettes fiscales qu’elles perçoivent au nom de l’Autorité palestinienne.
Les 24 organisations signataires de l’appel demandent aux autorités israéliennes de remplir leurs obligations légales et leurs responsabilités morales pour soutenir les systèmes de santé palestiniens et de :
– Publier la quantité de vaccinations réservées à la population palestinienne et fournir un calendrier précis pour leur transfert.
– Veiller à ce que les vaccins fournis à la population palestinienne répondent aux mêmes normes d’approbation que ceux distribués à la population israélienne.
– Veiller à la bonne entrée des vaccins et autres équipements médicaux dans le Territoire palestinien occupé, y compris en préservant une « chaîne du froid » pour garder les vaccins réfrigérés pendant le transfert si nécessaire.
– Lorsque l’AP ne peut pas financer les vaccins et leur distribution à la population palestinienne, les autorités israéliennes doivent fournir un soutien financier complet qui ne soit pas déduit des taxes de l’AP.
– Lever le blocus de la bande de Gaza pour permettre le bon fonctionnement de son système de santé face à la pandémie de coronavirus.